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L'interview de Katerina Barsukova à HuffPost à Athènes

Dernière mise à jour : 28 nov. 2023

Katerina Barsukova révèle les secrets du dessin sur sable, les détails de son parcours et son engagement dans l'art. Interview du 24 février 2023.

Traduction du grec en français : OAM.

Portrait de Katerina Barsukova. Photo : Viktoria Nazarova
Katerina Barsukova. Photo : Viktoria Nazarova

Qu’est-ce qui vous a d’abord intéressé au « Sand Art »?

Je me suis lancée dans le dessin sur sable par hasard en 2010. Je me souviens à quel point j’ai été inspirée et insouciante durant cette période : l’été, les vacances, la jeunesse et l’amour mutuel. Je me sentais comme une plume, prête à absorber de nouvelles choses et à me développer. Quelque chose semblait se passer dans les airs, voler. Et c’est dans cet état que le « Sand Art » est venu à moi.


Mon amie m’a invitée chez elle et a dit qu’elle voulait me montrer quelque chose qui pourrait m’intéresser. Je suis venue chez elle et j’ai vu le verre, sur la surface duquel il y avait du sable. En dessous du verre était une lampe. Elle a suggéré que j’essaie de dessiner. J’ai essayé de tracer quelques lignes avec du sable, mais c’était très difficile. Dessiner avec du sable n’était pas comme dessiner avec des crayons ou des peintures que je pratiquais depuis l’enfance. Mon amie m’a convaincu d’essayer ce genre et de préparer la première représentation avec le dessin sur sable pendant 10 minutes. Pendant cette période, j’ai beaucoup expérimenté : j’ai cherché et testé différents sables et des techniques du dessin, nous avons créé différentes tables lumineuses. Le genre du dessin sur sable n’était pas enseigné dans les écoles et universités, il n’y avait que quelques artistes dans le monde qui pratiquaient cet art.


J’ai tout appris par essais et erreurs. Ce processus était difficile, parfois douloureux, mais aussi passionnant. Puis, il m’a semblé que j’étais à l’origine de la création de quelque chose de nouveau et précédemment inexploré. C’était incroyablement inspirant, mais aussi effrayant. En tant qu’artiste, j’avais une énorme responsabilité dans le genre du dessin sur sable. Puis, j’ai eu beaucoup d’autres spectacles. Donc, à partir de la représentation de 10 minutes, je suis passé à des spectacles plus longs et à de la musique plus complexe. Progressivement, j’ai commencé à faire l’animation sur sable pour des concerts de musique symphonique et de musique de chambre, pour des spectacles de théâtre en Russie et en Europe. C’était environ quatre ans après ma rencontre avec le « Sand Art ».


Portrait de Katerina Barsukova, sand artist. Photo : Viktoria Nazarova.
Katerina Barsukova. Photo : Viktoria Nazarova.

De quel type d’outils vous avez besoin pour le « Sand Art » ? Quelles sont les difficultés techniques liées à la réalisation du dessin sur sable?

Le sable, d’une part, est un matériel naturel très intéressant pour le dessin, que nous connaissons tous depuis l’enfance lorsque nous avons construit des châteaux sur la plage ou joué dans le bac à sable. Il est doux, ample et souple, mais aussi il a son caractère. Son essence est de se transformer, comme nous le voyons dans la nature elle-même.


D’autre part, le sable est un matériel très complexe. Le sable est mobile et change rapidement. Il s’effrite rapidement et change de forme et de structure sous l’influence du vent et des mouvements. Selon ce que je veux dessiner, j’utilise différents sables : le sable de mer, de rivière, d’océan, volcanique et quartz. Tous ces sables diffèrent dans la dimension du grain de sable, et, en conséquence, donnent différentes épaisseurs de ligne lors du dessin.


Je dessine également avec le sable coloré, que je teins moi-même à la main. C’est un processus chimique et créatif excitant pour s’attendre à la couleur souhaitée.


En plus du sable, la surface et la taille de la table lumineuse sont importantes : certains artistes du dessin sur sable dessinent sur le verre, tandis que d’autres dessinent sur la surface en plastique. J’utilise la table en plastique, car elle est confortable pour le transport et les tournées, en revanche les grains du sable glissent davantage que sur le verre. Vous devez trouver un compromis entre commodité et confort personnel.


La table lumineuse peut avoir aussi les dimensions différentes pour le dessin : parfois, c’est plus grand, parfois, c’est plus petit. Cela dépend du résultat souhaité et de l’expérimentation.


Que représente le sable pour vous ?

Le sable est pour moi le matériel le plus malléable qui se transforme en temps réel, contrairement à d’autres matériaux en arts visuels. Il se marie organiquement avec la musique classique et, à mon avis, peut refléter pleinement et profondément la musique et mon caractère. « Sand Art » est un art éphémère, comme la musique.


La Petite Sirène. Katerina Barsukova, dessin sur sable. Orchestre National des Pays de la Loire. Dina Gilbert, direction. Angers. Centre des Congrès.
La Petite Sirène. Edward Grieg. Katerina Barsukova, dessin sur sable. Orchestre National des Pays de la Loire. Dina Gilbert, direction. Armelle Gouget, narration. Angers, France. Centre des Congrès. 2022. Photo : OAM

Trouvez-vous des similitudes entre la fluidité du sable et la musique ?

À mon avis, le plus grand intérêt du dessin sur sable est précisément dans sa fluidité et sa capacité à se transformer aux rythmes de la musique. Par conséquent, ils font un bon match. L’image peut révéler une compréhension encore plus forte et plus profonde de la musique à l’auditeur, attirer les jeunes auditeurs et surprendre les connaisseurs. La musique et le dessin sur sable sont dans une unité harmonique étonnante. Cela m’impressionne toujours !


Comment le symbolisme lyrique est-il lié au subconscient ?

J’appelle mon style de dessin « le symbolisme lyrique » pour une raison. Depuis l’enfance, j’aime la psychologie, la philosophie, j’essaye d’appréhender le secret de l’existence du Monde et de l’Homme. Mes symboles préférés dans mes œuvres sont les clés, la voile, l’infini, la main, le vent, la porte, la mer, la pluie, la lumière, les oiseaux. À mon avis, avec ces symboles, le subconscient parle à moi et au spectateur. Mais chacun des symboles peut avoir un sens différent, selon le contexte et la personne. Je ne veux pas imposer une interprétation particulière des symboles au public. Je veux que les symboles soient lus à leur manière, selon la vision de chacun.


Y a-t-il des idées philosophiques derrière vos œuvres ?

Je suis impressionnée par le monde, d’une part, sa volatilité, sa complexité, et en même temps l’harmonie étonnante et l’infini... Je vois souvent une combinaison de choses incompatibles et de nombreuses contradictions. Mais, en même temps, une incroyable intégrité. Nous percevons les choses selon notre perspective, que nous pouvons changer. J’intègre souvent ces pensées dans mes œuvres de dessin sur sable.


Méthamorphoses. Richard Strauss. Katerina Barsukova, sand artist. Copyright : OAM.
Métamorphoses. Richard Strauss. Katerina Barsukova, sand art. 2020. Copyright : OAM.

Quel est le lien entre votre travail et la musique ?

J’illustre la musique en révélant sa signification davantage au public, en particulier, aux jeunes spectateurs qui peuvent difficilement rester concentrés de nos jours en raison de leur exposition et usage des écrans. Il suffit de regarder la vitesse d’action dans les films et les dessins animés.


La musique classique nécessite concentration, la culture de l’esprit et de l’âme, les oreilles attentives, l’imagination et souvent la patience. J’aide l’auditeur, surtout le petit, à comprendre la musique classique de cette façon, et je donne à l’auditeur aguerri une nouvelle source d’inspiration, une surprise. Pour moi, dessiner un concert, c’est comme une danse des mains et du sable, où la musique a le premier rôle. La musique est ce qui définit l’ambiance pour les dessins et l’intrigue, et elle me fascine et m’inspire sans cesse !


La musique est un art abstrait. Quelles sont les difficultés pour créer les bonnes images en correspondance avec la musique ?

Je pense qu’il n’y a pas d’images "correctes". Je dirais qu’il peut y avoir des dessins inintéressants et de la musique non passionnante ou superficielle. Tout l’art est subjectif. Parfois la musique est très spécifique, parfois illustrative. Par exemple, la musique de "Shéhérazade" de Nikolaï Rimski-Korsakov a une intrigue spécifique et des thèmes musicaux. Vous pouvez facilement les reconnaître. Mais la musique peut être abstraite, par exemple, la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski. Vous voyez la différence ? Mais comment exactement je dessinerai, comment le sable tombera de mes mains et avec quelle plasticité et musicalité, cela est laissé à mon imagination. J’essaie d’évoquer une idée en appliquant toutes mes capacités et tous mes talents pour être en synergie avec l’idée du compositeur et des interprètes (orchestre et chef d’orchestre).


J’aime créer l’unité, m’accorder avec une vague d’énergie commune avec tous les participants à ce qui se passe, y compris le public. C’est la vraie créativité, l’art commence là où il y a cocréation, et synergie de tous les éléments. Et si tout correspond, véritable extase et catharsis apparaîtra.


Shéhérazade. Nikolaï Rimsky-Korsakov. Katerina Barsukova, dessin sur sable. The Athens State Orchestra. Nikos Haliassas, direction. Athens, Grèce. Megaron. 2023.
Shéhérazade. Nikolaï Rimsky-Korsakov. Katerina Barsukova, dessin sur sable. The Athens State Orchestra. Nikos Haliassas, direction. Athènes, Grèce. Megaron Hall. 2023.









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